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MAX DUBAGNE
MAX DUBAGNE
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10 décembre 2005

20. Enfer et damnation

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Fallait s'y attendre, avec son aspiration exécrable à jouer les oncles Picsou, la première exigence d'Alpherg, fut d'aller à l'école privée.
-On n'apprend rien au lycée public, on ne peut pas, c'est plein de voyous habillés comme des loqueteux.
Comme si le blazer bleu marine avait jamais fait le bon élève ! Mais bien sûr, Mahlaut n'a eu de cesse de céder à ce caprice de fils à papa. On croyait avoir échappé à la visite du proviseur. On avait tout faux.
Lionel Fleury s'est annoncé pour 17 h, et Mahlaut, fine mouche, a envoyé Dirah lui souhaiter la bienvenue. Le bruit courait que Lionel était bien plus aimable avec les enfants qu'avec les adultes qu'il soupçonnait de basse flatterie, alors que, pensait-il, la vérité sort de la bouche des enfants. Vous pensez, comme on lui avait fait la leçon, à Dirah
-Surtout, tu ne lui parles pas tout de suite de son école, il est soupçonneux comme un rat, noie lui le poisson en lui parlant de son boulot, il n'aime que ça. Moyennant quoi, après avoir entendu la gamine lui parler de ses horaires démentiels et de la discipline qui fout le camp, il avait déjà une chaussure qui brillait à 22 pts, sans avoir reniflé l'odeur du cirage. Pourtant, c'était pas sorcier de deviner qu'elle n'avait pas trouvé ça toute seule, Dirah.

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Si bien que lorsque la star est arrivée pour le flatter à son tour, il était de très bonne humeur
-Lionellll, très cher ! Vous avez fait connaissance avec notre petite Dirah, à ce que je vois. -Veux-tu bien aller t'habiller toi !- Excusez-la, Lionelll, elle est déjà en pyjama, la coquine.
-Mais non, laissez, chère Mahlaut, j'aime que les enfants se couchent de bonne heure pour être en forme le matin.
-Ah-ah-ah, Lionelll, vous me ferez toujours mourir de rire.
Vous voyez le rapport vous ? Ben, moi non plus.
Mais Lionel, du moment qu'on lui dit qu'il est drôle, il le croit. Et toc, l'autre godasse commence à briller. Encore une ou deux blagues pas drôles, que j'ai pas jugé utile de relever, et Mahlaut lui propose de visiter les lieux.
Toute la sainte journée, les energiseurs avaient été sollicités pour qu'y ait pas un pli sur les draps et pas une assiette à traîner, donc, côté inspection, on était parés. Mais l'a fallu, bien sûr, qu'Ephraïm qu'on avait délégué aux fourneaux, fasse crâmer les homards. Tout ça parce qu'il gatouille le savant fou. L'avait bien besoin d'aller applaudir Scheratan, comme si c'était la première fois qu'il l'entendait jouer du piano.

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Heureusement que la visite ne faisait que de commencer.
-Mon chèèèèèèr Lionellll, si nous faisions un petit tour de jardin, proposa Mahlaut en le poussant vers la porte et en lançant à Ephraïm un regard éloquent. Très éloquent le regard, même. Il disait texto : Fais-moi disparaître cette horreur et remets toi aux fourneaux, je veux des homards nickel-chrome. Et t'as intérêt à les surveiller de près cette fois, et d'empêcher les gosses d'y toucher, si tu vois ce que je veux dire.
Ben croyez-moi si vous voulez, malgré toutes ces mises en garde, si j'avais pas été là pour lui remettre le nez dans le four, il aurait abandonné la cuisson pour aller soulager sa vessie aux toilettes, les plus éloignées tant qu'à faire. Non-mais quand je vous disais qu'il commence à gatouiller sec.
Enfin, il a fini par les réussir ses homards, et Lionel a pu s'en empiffrer selon son habitude.

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Il en a pris deux fois, le goinfre ! C'est vous dire s'il les a aimés. Mais il avait encore un petit creux. Alors il s'est jeté sur la salade de gésiers qu'Ephraïm avait préparée pour la jeune classe. Il rôtait, pétait à qui mieux-mieux. Normal, il s'était tellement rempli la panse que ça ressortait par tous les bords.
Après quoi, Mahlaut, en parfaite hôtesse de maison, lui a offert un petit café.
-EXcellllent, votre café ! C'est pas du jus de chaussettes, lâcha-t-il en tremblottant de la tête. Je vous mets un petit bonus de 10 pour le café.
Mais ce qui est fort de café, c'est qu'il a complètement oublié de noter le repas. Vite, vite, les comptes. 10 pour le café, 45 pour la visite, 0 pour la cuisine. C'était bien la peine d'houspiller Ephraïm. Ben, heureusement qu'ils z'avaient pas été regardants sur le cirage et la brosse à reluire. Grâce à ça, il leur a collé un  petit 90 au ras des pâquerettes, mais ils ont pu tous entrer dans son école privée pour snobinards en uniforme. On l'avait échappé belle.

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Dès qu'il eut tourné les talons, Mahlaut s'est adressée à ses deux dernières filles.
-Il serait peut-être temps de grandir à présent, à toi l'honneur, Dirah, et tire-nous une belle aspiration, qui fasse plaisir à Max.
L'était temps qu'elle s'en préoccupe. La gamine s'est transformée en une magnifique jeune fille, qui allait me consoler de cette bande d'obsédés du fric et de l'amour à la petite sauvette.
Que je croyais !
-Je prends l'amour comme les autres, je suis pas plus mal qu'elles, y a pas de raison !
Aaaarghhhh ! Elle m'a crevé le coeur. Moi qui la couvais d'un oeil protecteur, qui m'attendrissais sur son joli visage, qui aurais tant aimé la voir aller et venir dans cette maison aux côtés de Sélène. On peut dire qu'elle les aura bien mal élevées ses filles, Mahlaut. Toutes des coureuses, des mangeuses d'hommes en puissance, comme Zaniath. J'osais à peine regarder quand Minkata a lancé le dé à son tour.

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Et là, z'ont décroché le dernier pompon.
-Moi, je choisis comme Alpherg, la richesse, a annoncé Minkata, en allant aussitôt se coiffer d'un diadème totalement ridicule, mais qui symbolisait à merveille, son aspiration à la grandeur.
Six enfants, pas un de moins, un mal de chien pour les élever, et voilà la récompense : 3 nymphomanes, 2 m'as-tu-vu et une mère à gosses. Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour mériter pareille engeance ?
De l'air, du balai, du vent ! Virez-moi tout ce petit monde, qu'on se retrouve entre gens bien, ceux là, ils vont me couler le challenge.

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Mahlaut a dû réaliser que ma colère serait terrible. Elle a dévoilé ses plans.
-Mes enfants, vous savez que je vous aime tous également. Mais, il va falloir que certains d'entre vous acceptent de s'installer ailleurs. Les pronostics allaient bon train tandis qu'elle s'était retirée dans sa chambre pour réfléchir.
-Qui tu crois qu'elle va choisir ? Tu penses que j'ai mes chances ? demandait Mintaka à son frère
-Bof, ce sera Scheratan, si tu veux mon avis. Toi et les autres, vous pouvez préparer vos valises.
-Et pourquoi pas moi ? J'ai fait exprès de choisir la même aspiration que toi, si on te garde, y a pas de raison qu'on me garde pas.
-Hé-hé, moi c'est pas pareil, je suis le seul garçon, je suis à peu près sûr de rester, mon aspiration n'a rien à voir.
Mais Mahlaut a déjoué les pronostics en annonçant : Minkata et Alpherg, vous restez, les autres, vous partez avec Luzz. C'était donc ça, l'arrangement qu'elle avait conclu avec Luzz. Elle lui cédait ses droits d'auteur, et elle se chargeait d'emmener les indésirables avec elle.

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C'était pas mal combiné mais ce fut pas si simple. Quand Luzz voulut chercher une maison... Paf le bug ! Impossible de déménager. L'a fallu qu'elle se triture les méninges pour trouver une issue à l'impasse. Enfin, elle put annoncer que les choses s'arrangeaient
-Luzz, comment tu as fait ? Tu es sûre qu'on va pouvoir partir ?
-Oui, ne vous inquiétez pas, je me suis arrangée avec Aleph, il va chercher une maison pour nous.
-Tu es formidable, qu'est-ce qu'on serait devenues sans toi ?
Mortes de peur, de maladie, un petit satellite sur la tête... je vois bien ce qui aurait arrangé les affaires, moi ! Mais j'ai pas pu m'y résigner, ce sont mes descendantes, quand même ! Et elles sont mignonnes toutes les quatre. Qu'elles aillent  vivre leur vie de débauche ailleurs. Et qu'elles nous donnent des nouvelles de temps à autre, j'en demande pas plus.

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Ainsi fut fait. Après le coup de fil désespéré de Luzz, Aleph se mit en quête d'une maison pour elle et les filles. Il y en avait justement une de libre dans le quartier, grande et à moins de 20 00$. Il alla retirer les clefs à l'agence et invita Luzz à venir la visiter.

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L'aurait plus manqué qu'elle la trouve pas à son goût. De toutes manières, c'était à prendre ou à laisser.
-Je crois que les filles vont se plaire ici. C'est spacieux, reste plus qu'à l'aménager.
-Tu veux que je te prête de l'argent ? proposa Aleph, toujours le coeur sur la main
-Non, je te remercie, je ne sais pas par quel miracle, les filles ont hérité de plus de 80 000$. On a de quoi voir venir.
-Bon, alors, si c'est d'accord, moi, je retourne à la maison.
-Attends, Aleph ! Tu ne voudrais pas prendre Dirah avec toi ? J'ai peur qu'elle, Alhena et Aïnika ne finissent par se faire de l'ombre. J'ai vu ça avec Zaniath, si elles se mettent à ratisser tous les hommes du quartier, il risque d'y avoir du crêpage de chignon.
Aleph, trop bon, trop... bon, a accepté de prendre en charge, non seulement Dirah, mais aussi les fantômes de Zaniath et de Jacques, accrochés à la famille comme des morpions.
-Tu ne sais pas l'immense service que tu nous rends, Aleph.
Mais-si, il le savait bien. A lui le bug du déménagement et des fêtes impossibles. Mais on ne se refait pas, quand on nait bon, on meurt bon.

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En parlant de la "bonnerie" d'Aleph. Vous croyez qu'il trouve bizarre de voir débarquer Ephraïm au saut du lit ? Pensez-vous ! C'est pourtant pas les indices qui manquent pour le mettre sur la voie.
Après quelques nuits fiévreuses, suite à leur déménagement, Emilie lui a refait le coup de la migraine à rallonges.
Bizarre, bizarre. Surtout que ses migraines ont justement réapparu suite à une visite d'Ephraïm. C'était donc ça, la mystérieuse destination d'Ephraïm, au lieu de rentrer directement du travail,il faisait un petit détour par la maison d'Aleph.
-Je viens voir ma petite Phoebe avant qu'elle ne parte pour l'école, annonçait-il
-Ah-ben, faudra te dépêcher, elle ne veut pas rater le bus, et moi je dois y aller. Mais tu prendras bien un petit café. Emilie !! Tu peux faire chauffer un café pour Ephraïm ?

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Il s'engouffrait dans sa limousine, heureux de voir que les liens de la famille restaient soudés malgré leur éloignement tout relatif de la maison ancestrale. Alors, Emilie, sulfureuse dans sa nuisette qui ne cachait pas grand-chose de ses charmes, faisait son apparition

-T'es sûr que c'est un café, qui te ferait plaisir Ephraïm ? Tu préfèrerais pas un bon lit bien chaud, ou un jaccuzzi bien fumant ?

-Oh, toi, toi, toi ! Qu'est-ce que tu ne me ferais pas faire ? se contentait de répondre Ephraïm, qui de fait, ne se faisait pas tirer l'oreille pour faire tout ce qu'elle lui demandait. Tout ça au mépris des règles de la bienséance, de l'honneur et du simple bon sens. Car ils prenaient de gros risques en n'usant d'aucune protection.

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