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MAX DUBAGNE
MAX DUBAGNE
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17 décembre 2005

10. Bugs et ratabugs

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Avec toutes ces bonnes nouvelles, l’anniversaire d’Eliah aurait pu passer à l’as. Heureusement, que pour une fois, la petite s’est faite entendre.
Pas la peine d’avertir la mère, elle n’avait plus donné signe de vie depuis son passage à l’âge bambine, et Eliah en avait fait son deuil. Elle ne réclamait jamais après elle, comme si elle n’avait pas de mère. D’ailleurs, c’était presque le cas.

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Vous voulez savoir à quoi elle ressemble ? Regardez Zosma. Même coupe de cheveux, mêmes yeux, même corpulence, même style. Une légère différence dans la bouche et le nez, qui demande à s’affirmer. On jurerait des petites jumelles. Zosma qui avait tant espéré la naissance d’Eliah était ravie. Enfin, elle avait quelqu’un de son âge à qui parler et avec qui jouer.

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Des petites jumelles, je vous dis !

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Dans le chapitre des ressemblances, j’oubliais : mêmes frayeurs. Nan-nan, croyez pas qu’elles demandent à regarder la télévision, (qui se trouve à l’étage, je vous signale). Elles sont tout simplement « surprises » par le fantôme invisible, qui sévit en plein jour et fait sursauter toute la famille à longueur de temps.
On pourrait croire qu’on tourne pas rond chez les Dubagne, mais les visiteurs sont surpris aussi. Il se passe donc vraiment quelque chose de pas normal dans cette maison. Attendez, j’ai le mot au bord des lèvres, ça commence par un b… Ca y est, je l’ai retrouvé : BUG !

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Tiens, regardez nounou Cécile. Vous croyez qu’elle est en train de danser la gigue sur le plan de travail ? Pas-du-tout, elle monte l’escalier comme vous et moi.

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Et là, elle récure les toilettes dans la pièce d’à côté. Voui-voui !

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Sélène, répare la télévision du salon.
Fortiche, elle ne risque pas d’attraper des poignées de châtaignes !

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Alpherg se couche dans le frig…, dans son lit

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C’était bien marrant, entre fantômes, on en riait, mais eux, ils commençaient à en avoir plein le dos, et Mahlaut s’en ouvrit à Sélène.
-Ca ne peut plus continuer comme ça, les enfants sont morts de peur. Ils font des cauchemars la nuit et dans la journée, ils sont terrorisés. Je pense que Max comprendra, j’ai demandé à la Préfecture l’autorisation de déménager.
Sélène n’était pas très chaude
-On peut peut-être attendre encore un peu.

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-Ils attendent QUOI ? s’impatientait Mahlaut.
Sa mort, pardi ! Avec tous les chefs d’œuvre qui attendaient d’être vendus pour la mettre de bonne humeur jusqu’aux portes du cimetière, ils z’allaient quand même pas courir le risque de la voir partir à moitié contente. Mais ça, Sélène ne pouvait pas le lui dire, et Mahlaut trouvait le temps long (et nous donc !).

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Enfin, à l’heure où auraient dû sonner 84 ans à l’horloge du temps, la faucheuse a estimé qu’elle avait fait assez de rabiot.
-Mahlaut, quand faut y aller, faut y aller. Prends ta petite valise et suis moi.
-Il n’en est pas question ! a déclaré Mahlaut. On est en plein déménagement, j’ai préparé toutes mes affaires, ça ne tiendra jamais dans une valise.
-Tu sais la valise… c’est juste pour le décorum, tu n’en auras plus besoin. Là où on va, les vêtements ne se salissent jamais, et pour le reste… tu pourras en profiter quand tu voudras.
Mahlaut têtue : -Non ! J’ai dit non ! Je veux voir le déménagement !

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Le squelette la ménageait. C’était pas tous les jours qu’elle emportait un macchabée aussi âgé.
-Mahlaut, sois raisonnable, un peu. Tu as eu une belle vie, ne dis pas le contraire. Tu vas avoir une jolie tombe en or. Tu seras la reine du cimetière.
-Mmmm (pas trop convaincue)
-Et puis, je vais te servir un petit cocktail dont tu me diras des nouvelles.
-Avec l’ombrelle ?
-Avec l’ombrelle et les olives, lui a assuré sa copine.
-Bon, alors d’accord, je te suis. Mais belle, la tombe, hein ! Pas comme celle de pépé. Je veux la même qu’Ephraïm sinon rien.
Parlez pas de malheur, ça c'est déjà vu !

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C’est bien la première fois que je vois ça. Pas de cris déchirants, pas de larmes. La mort de Mahlaut est passée comme une lettre à la poste. Tout le monde jugeait qu’elle avait abusé de leur patience en ne se décidant pas à mourir. Elle laissait un bel héritage et une jolie urne qui demandait qu’à trouver place dans le futur cimetière familial.

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Parce que pour ce qui est de celui-ci, il va falloir en faire notre deuil. Je suis tout de même un peu triste de quitter ce terrain où débuta la grande saga de notre famille. Mais je les ai entendus dire qu’ils nous emporteraient avec eux. Après moult hésitations, un nouvel élément est venu plaider en faveur de leur déménagement : Le directeur de l’école privée ne voulait plus mettre les pieds à la maison. Il déclarait que cette famille était maudite et n’était pas digne d’entrer dans son établissement. Qu’ils z’aillent pas à l’université, c’était une chose, qu’ils soient rejetés de l’école privée sur des a-priori, c’en était une autre.

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Ils patientèrent jusqu’à l’anniversaire de Zosma, puis ils firent l’inventaire. Ils ont bien laissé quelques plumes dans le déménagement, les gros appareils électriques refusant de se laisser emporter, mais le principal, c’était tout de même qu’ils puissent emporter nos tombes. Je vais donc hanter une nouvelle demeure. Par chance, il y en avait une disponible et le bug des déménagements les avait épargnés, pas comme ceux des fêtes et du directeur.
Du changement, qui n’est pas fait pour me déplaire, depuis qu’ils avaient transformé la maison, je la reconnaissais plus, de toute façon.

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Tout juste s’ils ont laissé le temps à Zosma d’annoncer qu’elle avait choisi la connaissance, ils ont sauté dans les voitures avec tout leur barda. Hé-oui, j’ai bien dit « Les » voitures. Alpherg ne pouvait pas se contenter de la familiale. Très vite, il a jugé, (et fait savoir) que c’était, je cite : « une bagnole de vieux radins ». Et il s’est empressé d’acheter une bagnole de jeune qu’en jette, (du fric par les fenêtres).  Pour ma part, je trouve qu’elle fait tache devant le garage à double portes de la nouvelle maison. A leur place, je la planquerais dedans. Mais le garage, il leur sert de dépotoir à tout et n’importe quoi, SAUF à voitures.

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Vous avez vu leur maison ? C’est pas mal, mais ça vaut pas la mienne.

Ben-oui, la maison, c’est comme les chaussures, « ça se fait » à l’occupant. Au début, on y est un peu serré aux entournures, mais elle se détend, elle s’adapte au fur et à mesure des besoins. Si bien qu’après des années, on s’y sent comme dans des pantoufles. Celle-ci, elle présentait pas mal, mais question pratique, c’était ZERO. D’ailleurs, nous les fantômes, on refuse d’y mettre les pieds, on se contente d’errer dans le jardin.

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Dès qu’ils eurent déballés les cartons, ils s’empressèrent de téléphoner à l’école privée pour voir si le directeur accepterait de réviser ses positions. Tu penses, fouinards comme ils sont, à toujours vouloir visiter les maisons du quartier, (sans jamais montrer la leur), Lionel Fleury, Vince Michaud et Boris Baraut,  se sont battus à qui serait le premier sur les rangs. C’est Lionel qui a gagné. Je vous dis pas le soulagement de la famille en le voyant descendre de sa voiture et accepter de lui faire l’honneur de venir mettre son nez (de fouine, je maintiens) dans des affaires qui ne le concernent en rien.

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-J’aimerais beaucoup visiter votre maison, ça m’aiderait à décider si votre fille est digne de rentrer dans MON école privée… Je t’en ficherais, moi des visites ! Mais ils y tenaient tellement, à c’técole.

-Mais comment donc, cher Monsieur Fleury. Vous avez bien le droit d’être exigeant, vous avez une réputation à soutenir. Vous avez travaillé si dur pour  doter la ville d’un établissement calqué sur le standing anglais. Au fait, les uniformes, vous les faites également venir d’Angleterre ? Ah-oui, ça se voit, la coupe est par-fai-te.
Ce qu’il faut pas entendre !
M’enfin, ça marchait, il se sentait plus de joie le Lionel. Il avait d’ailleurs une manière bien à lui de faire savoir qu’il était content : il se grattait les dessous de bras, comme une guenon et répétant « Bien-bien ! » et en distribuant des points de cirage de pompe à qui mieux-mieux.

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Dans le salon, j’ai bien cru qu’il allait s’accrocher au lustre. Il sautait en l’air, battait des mains, criait « Woaa-hoooo ! ».  Il était complètement bluffé. Il leur a collé un 45 pour la visite, et avec le cirage de pompes, ils étaient rendus à 72 points d’estimation. Plus que 18 ! C’était du tout cuit, comme les homards qui n’attendaient que son bon vouloir pour être dégustés.

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D’ailleurs, l’odeur des homards qu’avait préparés Sélène, commençait à lui chatouiller les naseaux. Il se faisait de l’air sous les trous de nez avec la main, en clamant

-Ca sent rudement bon !

Mais !!! Attendez… pincez-moi, je rêve là ? C’est pas ce trouduc de pique-la-lune que je vois à table, affublé d’un béret et bardé de médailles ? Benjamin Renaudin ! Il sévit encore ici, celui-la.
Ah, il a pas fait un gros chopin en ramenant ce camarade de travail à la maison, Samson, je vous le dis !

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Lionel a fait honneur aux homards, il en a pris deux fois. Et Samson s’était fendu d’un petit dessert, un gâteau au chocolat qui était sa spécialité. En le regardant s’empiffrer, il n’oubliait pas de faire marcher la brosse à reluire. Les filles allaient l’avoir leur place à l’école privée. C’était certain…nement ce qui serait arrivé, si cet andouille de directeur n’avait pas oublié de noter le repas. Pressé d’aller digérer il a fait ses comptes vite-fait mal-fait.

-Ah, je regrette, 80 points, ça ne suffit pas. N’en faut 90 minimum. Des enfants vivant dans une telle famille ne sont pas dignes… Schmelkgronfscrutchzut-de-zut-de-zut ! Pour rester poli.

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L’a fallu expliquer aux petites qu’elles feraient mieux de faire leur deuil de l’uniforme.

-Vous ne perdez rien, ces jupettes et ces chaussettes sont complètement ridicules. Surtout à ton âge Zosma. Si tu allais à l’université, tu verrais que ça ne se fait plus du tout. Les étudiants ne voudraient jamais porter ça.

Je sais pas si c’était tellement une bonne idée de lui parler de l’université. Déjà qu’elle ne parlait que de ses copines, qui allaient toutes rentrer à l’université de la Fiesta en fin d’année, scolaire et commençait à faire des demandes de bourses qui lui seraient totalement inutiles.

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M’enfin, elle a rayé l’école privée de ses aspirations. Ils ont tout de même essayé de ré-inviter le directeur, pour voir jusqu’où irait sa mauvaise foi. Mais ils se sont pas fendus cette fois, les homards étaient calcinés. Seulement, il était pas fier Lionel. Une fois dessaoulé, il s’était rendu compte de son erreur, et il a essayé de rattraper le coup. Il leur a mis 45 points de cuisine, ce qui leur a donné un total de 135 points et il a annoncé qu’il était impressionné et que les filles pourraient aller à l’école privée. Oui-mais, à présent, tout le monde s’en fichait !

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Celui qui s’en fichait le plus, c’était encore Nathel. Remarquez, pour ce que ça le concernait… Maiiiis, s’il y avait une chose dont il se fichait pas, c’était de la bonne.

Hé-oui, les hormones le travaillaient dur. Il bourgeonnait, sa voix muait, passant des aigus aux graves sans crier gare, une ombre de duvet sur les lèvres, il était en train de devenir un homme. Et un homme qu’avait pas les goûts perdus, qui plus est.

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Adolescent, Nathel était considéré comme un véritable petit génie, cumulant de brillantes études –n’avait-il pas remporté le concours d’orthographe du canton ?- avec un job médical où malgré son jeune âge, les grands pontes n’hésitaient pas à lui confier de grandes responsabilités. Adulte, il fit toute ma fierté. Beau gosse, intelligent, travailleur…

Oui, tu peux le regarder et prendre exemple, Alpherg !

Dès qu’il devint adulte, il fut bombardé externe des hôpitaux, et il alla déclarer sa flamme à Kérine, notre bonne. En avait-il assez rêvé de ces seins que nul ne saurait ne pas voir, à moins d’être complètement bigleux. Mais bien-sûr, il sut lui tourner un compliment qui n’avait rien à voir avec l’objet de tous ses phantasmes.

-Kérine, depuis des années, je vous vois travailler dur dans cette maison. J’ai pu apprécier votre conscience professionnelle, votre sérieux, votre endurance. Toutes ces qualités qui se font rares, et qui ont fait que, peu à peu, je suis tombé sous votre charme. Kérine, je vous aime

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Kérine, qui en avait ras la casquette des patrons aux mains baladeuses et aux compliments graveleux, ne résista pas à cette déclaration. Surtout qu’il était beau, le jeunot ! C’est pas parce-que c’est mon descendant, mais ils peuvent aller se raccrocher, les townies de Vipercanyon. Elle accepta sur le champ d’emménager et rapporta 9 000 $.
Comment ça, il aurait pu choisir un autre endroit pour sa déclaration ! Y fait ce qu'il peut, pas ce qu'il veut ! Elle arrêtait pas de briquer Kérine.

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Me demandais… avec l’allure qu’elles ont les bonnes, et le pois chiche qui leur tient généralement lieu de cerveau, s’il avait été bien inspiré, Nathel. Un coup d’œil sur l’aspiration me rassura à moitié : Kérine rêvait de fonder une grande famille. Mais quand elle eut enlevé sa défroque de bonne, fournie par la maison de placement, qui doit être tenue par une madame Claude reconvertie, j’eus la surprise de voir qu’elle avait beaucoup de goût, et je dirai même de classe.

Cela n’échappa pas à Sélène, qui la pressait maintenant de faire un enfant.

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Alpherg, lui, avait toutes les veines. Il venait d’atteindre le sommet de sa carrière sportive et était devenu une légende du stade. Il amassant une petite fortune, revendant les tableaux que lui peignaient Sélène et Samson, et se maintenant grâce à ça en platine. Il ne prenait pas la peine de dormir, usant et abusant de l’énergiseur.

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Un autre petit veinard, c’est Samson.

Chais pas, sont un peu durailles à comprenotte à l’armée. Pour la Nnnnième fois, -et la dernière, c’était y a pas si longtemps-, un satellite menace de s’écraser sur la terre. Doit-on pulvériser ou intercepter ? PULVERISER !! Nom dedjou, va falloir vous le dire combien de fois ? Enfin, tant qu’ils reversent 55 000 $ pour se l’entendre dire et re-dire, on va pas se plaindre non plus.

Bon, c'est pas la peine d'en rajouter non plus Sélène, il a pas fait l'exploit du siècle, il a juste un peu de mémoire, lui !

Les amours entre Sélène et lui n’ont pas pris une ride, eux. Il ne jure toujours que par sa Sélène, devenue pique-assiette professionnelle, ce qui lui laisse pas mal de jours de congés, qu’elle consacre à son art, ce qui fait le bonheur d’Alpherg.

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Enfin, quand je dis que les amours n’ont pas pris une ride… Côté Samson, c’est sûr, côté Sélène, ça l’est moins. Après des années de bonheur conjugal sans nuage, elle a voulu mettre un peu de piment dans sa vie en ayant une aventure. Elle a rien trouvé de mieux que de choisir Romuald Lendro, le livreur de pizza italien, père de l’horrible Difda. Il n’allait pas tarder à se révéler sous son vrai jour de macho possessif et jaloux, et créer de gros problèmes à la famille. Je vous en toucherai deux mots plus tard, car pour l’instant…

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Commentaires
P
Aaaah toujours aussi excellent :) Vivement la suite de cette sixième génération :)
S
pareil pour moi.<br /> (je savaisp as quoi dire)
S
C'est toujours un plaisir de redécouvrir les mésaventures de la famille Dubagne.<br /> <br /> Mais j'ai hâte de pouvoir lire un nouveau chapitre de leur histoire.
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