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MAX DUBAGNE
MAX DUBAGNE
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28 décembre 2005

21. Sur la trace des aînés

A71

Certes la nuit était tombée, enveloppant le campus d’un manteau d’obscurité. Mais il y avait encore des couche-tard à l’intérieur du bâtiment et Algéna, avait promis à Rigel qu’elle ne rentrerait pas avant d’avoir pris plusieurs contacts sérieux. Elle avisa une fille vêtue d’un blazer portant l’écusson des Lamas et l’interpella.
-Hé, toi !
-C’est à moi que tu parles ?
-Ben oui, qui d’autre ? C’est quoi cet écusson ? Tu es supporter du club de foot ?
La fille haussa les épaules et s’éloigna à grands pas.

A72

_ Quelle pimbêche ! Elle ça lui aurait fait mal aux seins de me répondre ? se dit Algéna.
Mais tout n’était pas perdu, une autre fille arborait le même blazer et le même écusson. Celle-là se montrerait peut-être plus coopérative. Elle s’approcha d’elle et lança
-Salut, elle est chouette ta veste ! Où tu l’as eue ?
-Si tu ne veux pas d’histoires, répondit la fille, tu ne poses pas de questions.
Tu parles d’une affaire ! J’essayais juste d’être aimable, elle est pas si terrible sa veste bougonna Algéna.

A73

-Scuse-moi, je savais pas que c’était secret d’Etat, se reprit-elle. Et si je te demande l’heure qu’il est, je risque quoi ? On m’emmènera entre deux flics, menottes aux poignets ?
Cette sortie eut pour effet de faire rire la fille qui s’esclaffa bruyamment.

A74

-Mais tu débarques, on dirait ? Je ne t’avais encore jamais vue, tu crèches dans une résidence ?
-Nan, je suis avec mon cousin à l’association Dubagne.
-Rigel ?
-Ouais, tu le connais ?
-De réputation. On dit qu’il embrasse comme un dieu. Et tu dis que c’est ton cousin. Tu serais donc une fille Dubagne ? C’est vrai ce qu’on raconte, que vous êtes multimillionnaires ?
-Si tu ne veux pas d’histoires, tu ne poses pas de questions, répondit Algéna.
Pas mal le retour de l’ascenseur.

A75

La fille avait de l’humour. Elle rit de bon cœur et elle passèrent une partie de la soirée ensemble, à danser, à papoter et à se complimenter. Si bien qu’au bout du compte, elles étaient devenues amies. Je suppose que le fait qu’elle soit la cousine du dieu du baiser langoureux avait accéléré les choses.

A76

Elle lui présenta Sarah Lamourette, et elles disputèrent une partie de billard. Algéna n’avait jamais touché à une queue de billard. Mais elle ne se débrouilla pas trop mal et remporta la partie.
-Fallait le dire que tu avais obtenu la bourse du billard, s’indigna Sarah, on n’aurait pas joué contre toi. 
La bourse du billard ? Ils n’avaient jamais réclamé de billard à la maison, étonnant, nan ? Une basse, une guitare, un bowling, une horreur de machine à bulles… mais point de billard. Et voilà qu’elle confirmait qu’on pouvait obtenir une bourse en y jouant.
C’était bien la première fois que j’étais pressé qu’ils fassent des frais
.

A77

Algéna eut le triomphe modeste
-C’était juste un coup de chance, celle des débutants, lâcha-t-elle modestement. Ce qui rassura Sarah. Elle proposa
-J’ai un petit creux, on bouffe ensemble ?
Tout en avalant leur chili, elles parlèrent de leurs cours, s’étant aperçues qu’elles avaient choisi la même spécialité : les Beaux-Arts.
-T’as Théodore comme prof, alors ? Comment tu le trouves ? interrogea Sarah.
-Comment je le trouve, en tant que prof ou en tant qu’homme ? Parce qu’en tant qu’homme, je le trouve… ringard. Vieux, moche et ringard. Ca te va comme appréciation ?
-T’y connais rien. Il est super ! Un peu vieux, d’accord, mais je te jure, quand on le connaît, on oublie son âge. Il est si cultivé, si intéressant.
Je pressentis qu’Algéna n’allait pas tarder à s’y intéresser.

A78

Et à la maison, qu’est ce qu’ils devenaient, avec leurs aspiration à l’amour ? J’étais curieux d’aller me rendre compte par moi-même. En tant que fantôme, c’est bien pratique, on se déplace à la vitesse du vent, on se laisse pousser, et on y est.
J’ai trouvé Farhid en grande conversation avec une entremetteuse. Il lui confiait qu’il était d’une timidité maladive avec les filles et qu’il aimerait bien qu’elle lui arrange un blind-date.
-Ca peut se faire, si tu y mets le prix, lui répondit cette femme vénale.
COMBIEN ?? Combien il était prêt à pomper dans notre cagnotte pour satisfaire son envie de drague, cet abruti ?
-Heu, je peux vous donner 2 000 $, personne ne s’en apercevra. Plus je peux pas.
Encore heureux !

A79

Regardez-moi s’il a l’air fin à attendre le prix de sa félonie. Tu vois pas qu’elle t’a arnaqué ? Suffisait d’aller en ville, t’avais dix fois plus de choix. Là, tu vas être obligé de faire avec, qu’elle te plaise ou non. Surtout qu’elle s’est pas mouillée, l’entremetteuse.
-Je garantis pas que ça va marcher.
Et moi, je te garantis que si ça marche pas, tu vas en entendre parler, des 2 000 balles !
Elle lui a envoyé Nicole Voisin, une ex conquête de Rigel. Et ça a été le bide complet. Du coup, il a déchiré toutes les photos. Grrrr quand je le disais, que c'était de l'arnaque !

A79

Le lendemain, surmontant sa timidité, il s’est quand même décidé à aller draguer en ville. Il a rencontré une gentille fille, et ce fut le coup de foudre réciproque. Et ça lui avait pas coûté un sou !
Non-mais, si seulement ils mettaient à le gagner, le quart du zèle qu’ils mettent à dépenser l’argent, on serait riches ! Oui-bon, on n’est pas fauchés-fauchés. Mais c’est pas une raison pour gaspiller. Déjà, avec Zeneb et Phyllis, on est pas gâtés, alors, même si les aspirations amour s’en mêlent, où allons-nous ? Je vous le demande ?
Va falloir leur trouver un travail, et vite. Ils verront que l’argent ne pousse pas sur les arbres. Quoique…

A80

Et allez-donc ! Encore un futur dieu du baiser langoureux qui se prend râteau sur râteau quand il veut jouer de la langue. On dirait que la terreur que fait régner la mère Ladentelle commence à porter ses fruits. Les nymphettes se sont toutes acheté une conduite. Jusqu’au massage, elles jouent le jeu, mais quand il est question de baiser, halte-là ! Elles sont pas prêtes de les avoir leur 50 rendez-vous paradisiaques mes bêtes d’amour.

A81

Et lui, le benêt, il est tout heureux, il en espérait pas tant. Maintenant qu’il s’était décidé à sortir de sa coquille, il se croyait le roi du monde. Il avait une tendre amie, et ça lui suffisait.
Je vais te dire, moi, Farhid, t’es aussi doué pour emballer les filles que pour faire cuire les hot-dogs. Et quand tu vois la tête des hot-dogs, t’as tout compris.

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