17 La limace suite.

Une fois dans leur chambre, Nathel et Kérine, se souhaitèrent leurs anniversaires respectifs.
-J’aurais voulu donner une grande fête pour nos 50 ans, je t’assure, mais comme nous avions parlé d’école privée hier soir, j’ai cru bon d’inviter le directeur. J’espère que tu ne m’en veux pas.
Faut dire que depuis qu’il s’était octroyé une jauge platine à vie, les désirs de Nathel, on s’en souciait comme de l’an 40.
-Bah, on se réservera pour notre anniversaire de mariage, le principal, c’est d’être arrivés à les caser. J’espère qu’ils rentreront moins fatigués et qu’ils auront moins besoin de se distraire à présent. Cette tranquillité valait bien un petit sacrifice, commenta Kérine, ma foi fort conciliante. J’en connais pas beaucoup des femmes qui accepteraient de voir leur 50^ème anniversaire passer à l’as.

Tu parles qu’ils étaient moins fatigués !
Pour la fatigue comme pour le reste, on n’a pas vu la différence.

Phyllis était vraiment jolie et le savait, la bougresse. Elle savait aussi jouer de son charme pour se mettre les « grands » dans la poche.
-Rigel, sois gentil, donne-moi un coup de main pour mes devoirs, toute seule, j’y arrive pas.

Et ce brave Rigel ne savait pas résister aux yeux de biche qui l’imploraient. Il arriva même qu’il perde sa bourse des érudits, n’ayant pas pu terminer ses propres devoirs à temps et sa moyenne étant passée à 14. Il la récupéra très vite, je vous rassure, mais c’est pour vous dire comme elle savait y faire, la petite.

Dire qu’à ce jeu là elle ne se fit que des amis, serait mentir. Les autres n’appréciaient pas tellement que ce soit toujours elle qui bénéficie des faveurs.
-Nous aussi, il pourrait nous aider Rigel, pourquoi toujours toi ?
Phyllis ne se laissait pas démonter
-Parce que je suis sa préférée. Toi aussi, t’as qu’à être le préféré de quelqu’un. Pourquoi tu demandes pas à Benjamin ?

-Benjamin ? Ce nullard ! Avec lui, je serais sûr que mes exercices seraient tout faux.
Ils avaient vite fait de comprendre que Benjamin, c’était le poids mort de la famille. Regardez le, non-mais regardez le un peu se battre avec le niveau 3 du nettoyage. Il interroge bêtement le pistolet à empreintes
-Qui qui peut bien être assis sur cette chaise ? Hein ? Dis-le, toi, espèce de machin à la mord-moi-le-noeil. Tu vas me le dire, oui ?
Et il tape dessus comme un sourd. D’ici qu’il nous le déglingue, il aura tout gagné.

Ils ont fini par lui confisquer pistolet et lui donner des tâches plus à sa portée.
Comme de passer la serpillière…

… ou de déboucher les chiottes.
Ca, c’était de son niveau.

Finalement, comme il progressait dans ses études avec la lenteur désespérante d’un escargot.-et attention, pas un quamobrem, un vulgaire petit gris comme ça pullule partout- z'ont fini par lui expliquer le maniement du vampire-machin-truc, à essayer, sans prendre trop de risques, sur la bonne à rien incarnée : Karelle, la nounou. Mais allait-il seulement savoir s’en servir, ce gros nul ?

Ben-oui, dites-donc ! Une fois qu’il a eu pigé le truc, il ne pouvait plus s’arrêter. Il a fallu qu’on lui enlève l’engin des mains. Il voulait la sucer jusqu’à la moelle. Pour qu’il s’en fasse une ennemie jurée et qu’on en soit réduits à ramasser les poubelles et les paquets de crotte à la pelle. Merci bien.
-Ben alors ??? Je pompe qui maintenant ? qu’il demandait le naze en jetant des regards de convoitise sur Kérine, Nathel et Alpherg.

Tu pompes personne ! Non-mais des fois. C’est qu’il serait dangereux l’animal. Avec les connaissances qu’il avait pompées sur Karelle, ils ont jugé qu’il serait peut-être un peu moins nul avec le pistolet à empreintes et ils lui ont permis de se remettre à chercher qui-qui. Finaaaalement, -et j’en baille vu le temps que ça a pris-, il a tout de même fini par le décrocher, le niveau 10 du nettoyage, avec l’indulgence du jury.

Puis il s’est attaqué au piano, et là, je vous raconte pas le massacre.

Ferait mieux de demander des leçons aux gamins. Tiens, zeneb, par exemple, lui quand il joue, on se bouche pas les oreilles pour y échapper. Il est déjà rendu au niveau 6 le gamin. Encore un futur mélomane. S’ils continuent comme ils sont partis, ils vont pouvoir monter un orchestre. Mais faudrait pas que Benjamin se mêle de leur donner le la.
Va donc faire un petit tour en ville, et laisse-les vivre leur vie.