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MAX DUBAGNE
MAX DUBAGNE
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25 décembre 2005

18. Anniversaires : c'est pas le cadeau

A23

J’ai dû penser trop fort, ça lui a donné une idée. Faut vous dire que le Benjamin, il est copain comme cochon avec un tas de townies. Ben-sûr, depuis le temps qu’il roulait sa bosse en ville, il avait eu le temps de faire des connaissances. Alors, quand l’un d’entre eux lui a demandé s’il voulait faire une virée avec sa bande, comme il venait de remplir sa barre de cuisine, on lui a donné la permission de minuit. C’était à lui de choisir la destination. Il a choisi un cimetière. Pour l’éclate, y a pas mieux. Ca c’est tout lui.

A24

Mazette, le cimetière ! Je sais pas qui c’est ces Meunier, père-fils et saint Esprit qui sont enterrés là, mais leur cimetière… Je veux le même !

A25

Ben-oui. Quand je vois le mien à côté, c’est le cimetière des pauvres. J’ai peut-être pas mérité d’avoir une grande et belle statue qui trône au milieu de mon lieu de repos éternel, moi ?J’ai pas mérité une grande et belle grille en fer forgé, au lieu du portillon ridicule qui tient lieu d’entrée ? J’ai pas mérité des compositions florales plus hautes que moi ? Non-mais des fois.

A26

Faut tout leur dire aux descendants.
Et le respect des ancêtres ? Ils en font quoi du respect des ancêtres ? Quand Alpherg pleure pour avoir une nouvelle statue qui vaut au moins 4 000 balles, vous croyez qu’ils penseraient à la mettre au cimetière ? Noooon ! Ils se sont payés deux lions en bronze qu’ils ont flanqués de chaque côté de la terrasse.
Je vous préviens, je veux un cimetière comme les Meunier. Je suis pas un illustre inconnu, moi, je suis Max Dubagne. Z’ont un peu trop tendance à l’oublier, les loustics.

A27

L’avait bien fait de m’emmener traîner par là, tiens, le Benjamin. Mais pour son contact, c’était pas vraiment l’endroit rêvé. Les fantômes qui traînent dans tous les coins… il voulait les faire mourir de trouille, ses amis, ou quoi ?

A28

Z'ont fini par se réfugier dans la salle du crématorium et se sont éclatés à regarder sur écran géant de quelle manière fallait s’y prendre pour embaumer les défunts.
-Oui-bof, c’était pas trop mal quand même. Allez, ça sera mieux la prochaine fois.
Ca va, sont pas difficiles, les potes à Benjamin. M’aurait invité de mon vivant pour une soirée aussi nulle, j’aurais pas demandé à y revenir. Ca, vous pouvez me faire confiance.

A29

Une fois la fête terminée, il s’est avisé qu’il aurait pu les inviter à faire une partie de poker. Gros malin, tu pouvais pas y penser plus tôt ? Bon, il a commencé à battre les cartes à la manière d’un pro, et deux lambines qui s’étaient attardées dans ce lieu de tous les délices ont accepté de s’asseoir à sa table.
Il te les as plumées bien fait. 400 $ qu’il leur a soutirés, en trichant, ça va de soi, autrement ce serait pas Benjamin. Va falloir l’avoir à l’œil, lui. Des fois qu’il nous piquerait nos petites cuillères avant de clamser.

A30

Khali était jalouse de sa sœur Phyllis. Faut dire qu’elle avait de quoi. Autant Phyllis était féminine et gracieuse autant elle ne ressemblait à rien, sinon qu’elle était moche avec un grand nez, des yeux bêtes, et… tout pour me déplaire, quoi ! J’aime bien que mes descendants, à défaut d’être beaux, aient l’air intelligent. Ben elle, c’était pas son cas. A force de répondre à sa sœur que « si maman était là, tu me parlerais pas comme ça » chaque fois que l’autre la traitait d’œil de merlan frit et de face de rat, elle avait fini par obtenir gain de cause. Zosma était sortie de son trou pour aller la consoler. Vous avez vu la couleur du fantôme, vous ? Moi j’y vois que du feu. Enfin, ce qui compte, c’est qu’on soit bien sûrs qu’elle est morte par brûlure du soleil, pas vrai ?

A31 

Sur les conseils de sa mère, elle se refit un look.
Mouais, c’est pas encore demain qu’elle fera concurrence à miss monde. M’enfin, elle était toute contente, elle se trouvait belle. C’est le principal.

A32

Du coup, ça lui avait accroché un sourire niais sur la figure. Me demande si je préférais pas encore quand elle faisait la tête.
-Maintenant que je suis belle, confia-t-elle à son frère Zeneb, quand je serai grande, je ferai tout plein d’enfants beaux comme moi.
Parlez pas de malheur !
Zeneb se pinçait pour ne pas lui éclater de rire au nez. Mais il savait qu’il ne valait mieux pas la détromper. Pourquoi lui faire de la peine ?

A33

Kaphir passait son temps devant le téléprompteur. Pas à s’entraîner à parler, noooon ! Roter dans le micro, c’était sa distraction favorite. Quand on entendait son rire de crécelle résonner dans la maison, on savait qu’il venait de roter. Si c’est sur ce talent qu’il comptait pour réussir dans la vie, il allait pas aller bien loin, le gamin.

A34

J’aurais davantage misé sur Farhid. Outre ses talents de musicien, il était un as au bowling. Mais ça, le bowling, ils s’y débrouillaient tous pas mal engrangeant des points de physique comme des fleurs.

A35

Même la petite Algéna, qui se montrait un peu moins brillante que les autres en classe, parce qu’elle avait toujours beaucoup de mal à se lever le matin, était une championne au bowling. C’est vous dire si de ce côté là, ils ne craignaient personne.

A36

Bref, le temps passait, pas bien vite, mais sûrement. La vie suivait son cours avec ses bonnes et mauvaises nouvelles. En parlant de bonnes nouvelles, Kérine en ramena une sacrée. Un industriel véreux, Rapat-Sité -pour ne pas le citer-, lui fit une proposition : Elle acceptait de lui brader un morceau de côte à un prix dérisoire, et il s’engageait à y créer un port et à donner du travail aux Vipercanyonnais. Les côtes, dans le désert, c’est aussi rare que les cheveux sur la tête à Mathieu. C’est vous dire si un malheureux petit bout de côte y valait son pesant d’or. Au lieu de rejeter cette offre scandaleuse, Kérine, en bonne mère et Maire, étudia la proposition : Si ça peut éviter le chômage. Allons-y, bradons ! Elle s’empocha  tout de même 30 000 $ de dessous de table au passage.
Mmmm ya bon Banania !

A37

Quand les gamins ont commencé à ramener leurs premiers 20 sur 20, on  a pensé qu’on n’était pas sortis de l’auberge. Mais… c’est surprenant, ils n’ont pas été trop pénibles. On les a félicités une fois et ils se le sont tenus pour dit. Serait-ce un petit avantage dû à nuits de folie ? En tous cas, pour m’être payé des félicitations à rallonges pendant 6 générations, je peux dire que j’ai apprécié. Ce que ça pouvait m’énerver de les voir faire leurs simagrées en chantonnant, lin-linlinlin- lin !
Enfin, enfin, enfin, l’heure de grandir sonna à l’horloge du temps. On avait réussi à les mener entiers jusqu’à l’âge bête, à eux de faire le reste à présent.

A38

Phyllis sauta le pas la première. Elle tenait toutes ses promesse, magnifique ado après avoir été une charmante gamine, si bien que j’osais pas regarder le dé. J’aurais mieux fait de continuer à l’ignorer d’ailleurs. Elle choisit la richesse, la traîtresse. Bonjour les dépenses !

A39

Tout ce que je fais, mon âne, mon âne… jalouse de sa sœur, comme toujours, Khali demanda à grandir à son tour. Pas de surprise non plus, moche elle était, moche elle resta. Mais le pire, c’est qu’elle mit ses menaces à exécution : elle choisit l’aspiration famille pour me donner des descendants à son image.
J’en veux pas, moi, de ses descendants. On va quand même pas commencer à faire concurrence à Erato. Hein Mawuto ? Mawuto c’est un pote à moi qui poursuit son challenge en Grèce. Il a des descendants… des horreurs, je ne vous dis que ça. Oui-ben, pas de ça chez moi !

A40

« Appelez-moi gueule d’amour », voilà le cri de guerre de Kaphir.
Celui-la, je le verrais bien finir en fromage fondu. Je t’en ficherai de l’aspiration amour.

A41

Oooooh noooon ! Pas toi, Farhid. Pourquoi avoir pris modèle sur ton frère ? Je sais bien qu’il a fallu t’acheter des lunettes pour qu’on cesse de vous confondre. Mais tu étais obligé de choisir l’amour comme lui ? Rha, cette branche de vampires ne me dit rien qui vaille.
C’est à qui le tour de grandir ?

A42

Oui-oh, y a pas de quoi parader Algéna. La popularité, c’est pas trop ma tasse de thé non plus. On a vu ce que ça donnait avec Mahlaut : Le téléphone à longueur de soirée. Mais bon, c’est quand même mieux que l’amour.

A43

Et toi, Zeneb ? Mon petit Zeneb, en toi reposent mes derniers espoirs.
Tu vas bien me choisir la connaissance pour me faire plaisir ?
-Nan !

A44

Comment ça, nan ?
-Non, reprit-il, la voix ayant mué subitement. Moi je choisis aussi la richesse. Je veux être aussi riche qu’oncle Alpherg, mon grand-grand ami.

A45

AAAALPHERG !!!
-Hein, quoi ? Qui m’appelle ? J’entends des voix ? Je téléphone à ma fille comme tous les matins pour me mettre de bonne humeur, et on me dérange.
Alpherg, c’est toi qui a bourré le mou à Zeneb pour qu’il veuille devenir aussi riche que toi ?
Il s’en défend le Judas.
-Moi ??? Il est assez grand pour savoir ce qu’il veut faire de sa vie.
Oui-mais, tu l’aurais pas un peu influencé, par hasard ? POSE CE TELEPHONE ! Tiens, je te le confisque, comme ça, tu arrêteras de noyer le poisson. Si je pouvais, je taperais dessus.
Ah-misère, 6 descendants et pas un pour relever le lot. Rien que des bons à rien de m’as-tu-vu. J’enrage. Décidément, les sextuplés nous valent rien. Se donner tant de mal pour les élever et arriver à ce résultat : 2 richesses, 2 amours, 1 popularité et 1 famille, justement celle dont je ne voulais pour rien au monde. La vie mort est trop cruelle !

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